« J’ai ressenti ça comme une agression pure et simple ». Cet homme évoque, au tribunal de Guingamp, l’accident dont il a été victime, alors qu’il était au volant de sa voiture avec sa compagne à ses côtés. En juillet, près de Plougonver, un quadragénaire lui a foncé dedans par l’arrière, alors qu’il venait d’être dépassé. À la barre, ce dernier a eu du mal à expliquer son comportement, détaillé par le président.

« Je ne sais pas »

Le conducteur victime « vous a observé faire des embardées et vu la conduite dangereuse, il décide de vous doubler. Et dans le rétroviseur, il vous voit arriver de plus en plus vite, et vous allez finir par les percuter violemment à l’arrière. On imagine le choc que ça doit être, émotionnel, pas seulement physique ». « J’ai fait n’importe quoi, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, j’ai aucune excuse ». « Comment vous expliquez qu’après, ça ne s’arrête pas, vous continuez à les suivre ? » « Je ne sais pas, je n’arrive pas à me maîtriser ».

Les deux voitures vont ensuite s’arrêter et le prévenu va violemment interpeller la victime. « Il m’a dit que je ne savais pas conduire et que lui, il savait conduire. Et à aucun moment, il n’était question de constat », détaille l’homme, certain que le prévenu était en état d’ivresse. « J’en garde un certain traumatisme, j’ai vraiment eu peur pour moi et pour ma compagne ». « Je suis dans le même état », glisse cette dernière. « C’était comme dans les films américains, j’ai réellement cru qu’il allait nous tuer ». Et d’interpeller : « À votre place, je ne serais pas fier ! ». Concernant l’ivresse, le prévenu la réfute, avançant qu’il n’a bu qu’un seul verre avant les faits. « Comment vous expliquez que vous ne tenez pas la route ? » « Je ne sais pas, j’ai pas fait attention ».

« Minimisation à l’extrême »

Pour la procureure, pas de doute, « il souhaitait commettre ce choc ». Elle a évoqué « un faisceau d’indices importants » montrant qu’il était en état d’ébriété. « Je regrette qu’il minimise les faits », a-t-elle aussi glissé, rejoignant l’avocate des parties civiles, qui a dénoncé « la minimisation à l’extrême de sa responsabilité et de la gravité des faits ». « Il a parfaitement conscience que ce qu’il a fait est inacceptable », a pour sa part défendu son avocate, qui a plaidé pour la non-condamnation concernant l’état d’ivresse. Il a néanmoins été reconnu coupable de l’ensemble des infractions, et condamné à 18 mois de prison avec sursis probatoire de deux ans, avec, entre autres, obligation de soins, annulation du permis, confiscation du véhicule et six mois de conduite avec un anti-démarrage par éthylotest électronique.